Français, encore un effort si vous voulez être républicains.
Au moment où les médias, revendeurs non rémunérés de thèmes éculés ressortis des placards par un gouvernement essoufflé, nous rabattent les oreilles avec quelques sujets de mauvaise qualité mais facilement abordables pour un peuple à l’agonie intellectuelle, j’ai cru bon de me replonger dans certains ouvrages pour réanimer un peu ma révolte que le poids des ans a tendance à endormir (ainsi que les litres de pinard que je m’envoie d’ailleurs…).
Je croyais que les grandes théories de ces vieux barbons catholico-racisto-moraliso-sado-maso que l’on nommait Jean-Marie Le pen et Philippe de Villiers étaient définitivement has been et rangées au fond de l’armoire sous une bonne couche de naphtaline. Mais non.
Le débat sur l’identité nationale ( ?????) met la balle dans le revolver, met le poison dans le verre, porte la peur au firmament, érige la méfiance en culte national. Et ce n’est pas un hasard. Le gouvernement réactive une bonne vieille haine, une bonne vieille peur ancestrale de l’étranger sous couvert d’un débat ouvert sur la liberté de culte où je ne sais quelle foutaise, laissant au dit gouvernement une marge de manœuvre assez grande pour tuer la République à petit feu.
J’ai cherché pour vous bande de petits veinards, trouvé et relu avec bonheur un grand défenseur de la liberté sous toutes « ses formes » et surtout un ardent défenseur de la République qu’il avait vu naître et qui quelques années après 1789 craignait déjà qu’on revisse les statues des idoles et qu’on érige à nouveau le culte au premier plan de la patrie.
Cet écrivain, le Marquis de Sade, paya de bien des années de prison ses prises de position politiques. Je vous livre ici un extrait de son livre « La philosophie dans le boudoir » qui s’intitule :
Français, encore un effort si vous voulez être républicains.
« Tenons donc aujourd’hui dans le même mépris et le dieu vain que des imposteurs ont prêché, et toutes les subtilités religieuses qui découlent de sa ridicule adoption ; ce n’est plus avec ce hochet qu’on peut amuser des hommes libres. Que l’extinction totale des cultes entre donc dans les principes que nous propageons dans l’Europe entière. Ne nous contentons pas de briser les sceptres ; pulvérisons à jamais les idoles : il n’y eut jamais qu’un pas de la superstition au royalisme. Il faut bien que cela soit, sans doute, puisque des premiers articles du sacre des rois était toujours le maintien de la religion dominante, comme des bases politiques qui devaient le mieux soutenir leur trône. Mais dès qu’il est abattu, ce trône, dès qu’il l’est heureusement pour jamais, ne redoutons point d’extirper de même ce qui en formait les appuis.
Oui, citoyens, la religion est incohérente au système de la liberté ; vous l’avez senti. Jamais l’homme libre ne se courbera près des dieux du christianisme ; jamais ses dogmes, jamais ses rites, ses mystères ou sa morale ne conviendront à un républicain.
Encore un effort ; puisque vous travaillez à détruire tous les préjugés, n’en laissez subsister aucun, s’il n’en faut qu’un seul pour les ramener tous. Combien devons-nous être plus certains de leur retour si celui que vous laissez vivre est positivement le berceau de tous les autres ! Cessons de croire que la religion puisse être utile à l’homme. Ayons de bonnes lois, et nous saurons nous passer de religion. Mais il en faut une au peuple, assure-t-on ; elle l’amuse, elle le contient. A la bonne heure ! Donnez-nous donc, en ce cas, celle qui convient à des hommes libres. Rendez-nous les dieux du paganisme. Nous adorerons volontiers Jupiter, Hercule ou Pallas ; mais nous ne voulons plus de fabuleux auteur d’un univers qui se meut lui-même ; nous ne voulons plus d’un dieu sans étendue et qui pourtant remplit tout de son immensité, d’un dieu tout-puissant et qui n’exécute jamais ce qu’il désire, d’un être souverainement bon et qui ne fait que des mécontents, d’un être ami de l’ordre et dans le gouvernement duquel tout est en désordre.
Non, nous ne voulons plus d’un dieu qui dérange la nature, qui est le père de la confusion, qui meut l’homme au moment où l’homme se livre à des horreurs ; un tel dieu nous fait frémir d’indignation, et nous le reléguons pour jamais dans l’oubli, d’où l’infâme Robespierre a voulu le sortir. »
Intermède hautement intellectuel et extrêmement important pour de pauvres oreilles comme les nôtres, farcies de publicité, gavées d’information, sodomisées par la société de consommation, souillées par les journaux people.
- Non très chère Arielle, je ne serais pas là ce soir… Je suis au Bourget, je saute dans un jet pour le Darfour, j’ai décroché le 20h00 de TF1. Ne craignez rien, il en est de mon devoir d’ouvrir les yeux de toute cette populace crasse et inculte sur la tragédie qui se déroule sur la terre rouge d’Afrique… Oui Arielle, j’ai emporté une chemise de rechange et ma solution hydro alcoolique… Je repars directement après mon interview. Au fait pour Noël, Marrakech ou Gstaad ? Dinde farcie ou caviar ? Cristal Roederer ou Dom Pérignon ?