L'Intranquille
L’intranquille
Des yeux qui vous dévorent
Est-il au bord des larmes ou de la haine ?
Est-il humain ? Animal ? Dieu ?
Derrière ce front quelle eau s’agite ?
L’intranquille
Rivière folle ?
Marais stagnant ?
Mer déchaînée ?
Lac placide ?
L’intranquille
Un regard pénétrant
Des yeux qui voudraient dire
Ce qu’ils ont vu de beau ?
Ce qu’ils ont vu d’affreux ?
L’intranquille
Et cette bouche ?
Pleine, gourmande et dédaigneuse
Qui ne s’ouvre plus, esquisse d’un sourire
Qui n’ose frémir ? Qui s’économise ?
L’intranquille
Suit le fil et le déroule
Regorge de secrets
Les secrets d’origines du monde
Et de destruction
L’intranquille
D’avoir trop donné ou pas assez
Ses yeux sombres ou l’on a plongé
Au risque de ne plus remonter
Pris par l’ivresse des profondeurs
L’intranquille
Regarde le ciel
Dans l’attente d’une réponse
Et c’est juste le gris d’un nuage
Qui s’emprisonne dans ses yeux.
L’intranquille
Contemple ce vieux mur affaissé
A quoi bon s’inquiéter ?
Tout s’est écroulé et moi je suis toujours debout
Tout a changé et s’est embelli.
( Détail d'une toile de Alain Ory nommée Emmaüs datant de 1971).