La vie de Marie ( ch.30)

Publié le par Milène se déchaîne

                                              CHAPITRE 30

 

 

Stanislas m’avait soumis son idée et vu le nombre de flûtes de champagne que j’avais ingurgité, j’avais trouvé l’idée du « looser qui se prétend musicien » géniale.

Seulement, en cet après-midi d’automne pluvieux et dessaoulée, je la trouvais beaucoup moins fantastique son idée…

Il était dix-neuf heures lorsque nous arrivâmes devant l’immeuble bourgeois ou habitait Pierrick.

Tout était fait pour impressionner le visiteur : du marbre à foison, de grandes portes vitrées impeccables de transparence, des dorures à n’en plus finir.

Je trouvai rapidement son nom sur l’interphone et j’approchai mon doigt de la sonnette le cœur battant, hésitante.

Un sourire de Stanislas me redonna courage, bien qu’au fond de moi, j’espérais encore qu’il n’y aurait personne dans l’appartement.

La voix de Catherine me fit sursauter.

- Oui ?

Comme je restais interdite, Stanislas me fit signe de répondre.

- Euh, bonsoir Madame… C’est Marie, la collègue de Pierrick… Ecoutez, il m’a demandé de passer chez vous ce soir à dix-neuf heures précises…

Un silence pesant qui parut durer une éternité m’embarrassa.

- Je vous ouvre. Troisième étage, première porte à gauche.

 

Il était trop tard pour reculer. En une seconde nous étions à sa porte.

Elle nous ouvrit et nous fit entrer dans le vestibule, l’air étonné.

- Entrez, entrez, vous êtes trempés… Ecoutez, comprenez ma surprise ! Je sais que mon mari est tête en l’air et que je n’ai pas beaucoup de mémoire mais il ne me semble pas qu’il m’ait prévenue de votre visite…

On y était ! Je n’avais plus le choix, impossible de reculer ! J’avais un rôle à jouer et il fallait que j’aille jusqu’au bout ! Je respirai un grand coup et me lançai.

- Je crois que vous avez déjà rencontré Stanislas au vernissage de son frère Yvan il y a quelques temps…

- Oh oui, oui tout à fait… Mais vous êtes fiancés je crois…Comment allez vous ?

Stanislas ne releva pas le coup du fiancé, s’inclina et lui fit un charmant et délicat baisemain. Je la sentis toute troublée par une attention qu’on ne lui portait certainement plus depuis des lustres.

- Venez vous asseoir au salon, je vous en prie…

Tout en la suivant dans le long couloir, je repris les rênes de la conversation.

- Si Pierrick ne vous a pas prévenu, c’est que nous avons fixé ce rendez-vous il y a à peine une heure au téléphone. Il n’aura pas eu le temps de vous prévenir…

Nous nous assîmes dans un magnifique canapé blanc en peau de buffle. Le style de l’appartement était entièrement contemporain tel que je l’avais imaginé car Pierrick affectionnait les revues de décoration pour être sûr d’être dans la bonne tendance ! Quelques œuvres d’art contemporaines éparses mais soigneusement disposées renforçaient cette idée d’être dans un appartement témoin.

La seule chose qui détonnait dans cette apparente perfection, c’était le mausolée que Pierrick s’était auto consacré sur un pan de mur entier.

Stanislas ne manqua pas de le remarquer.

- Je vois que votre mari multiplie les activités sportives !

Pierrick au ski, Pierrick au volant d’une porche cup, Pierrick à la pêche au gros, Pierrick fusil à la main le pied sur un tigre mort.

Il était évident que même lorsque l’on croit posséder toutes les clefs du bon goût, il suffit d’un infime détail pour tout ruiner…

Ne restait plus qu’à attendre le grand prédateur et d’affûter mes propres armes.

 

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M
tin..... tu dis tout mais tu dis rien la !
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