Décrocher la lune
Me décrocher la lune !
Il était beau, beau comme un Apollon
Ah, ça, il avait des lettres le Raymond !
Y faisait plus dans l’velouté qu’dans l’bouillon
A m’sussurer des poésies sous les lampions
A m’dire que j’valais des millions
Moi dans le cœur j’avais des milliers d’papillons
Me décrocher la lune !
Comme décrocher l’pompon dans les idiots manèges
Les promenades à son clair de, z’ont duré qu’le temps d’un arpège
Le soir même, y m’étendait sur une vieille banquette beige
J’ai tâté de sa virilité ! Tout un florilège !
Ma lune entière il a prise, pas l’genre à se contenter du quart !
Il m’a engloutie comme un croissant, sans un regard
Me décrocher la lune !
Ah, ça, il a surtout décroché le jackpot
Quand dès le surlendemain il m’a mise au tapin
C’était plus des étoiles que j’avais dans les yeux
Mais selon les jours des pieds ou des poings
Les siens ou aussi ceux de ses potes
Mandatés pour voir si j’faisais bien des heureux
Me décrocher la lune !
Ouais, la lune, j’la voyais surtout dans l’caniveau
A battre le trottoir les soirs de grand pluie
Quand elle était pleine, jaune comme un beau zéro
Je tombais sur des loulous pas très clairs
Pas des Garous non ! Des qui m’payaient à coup d’cutter
Et à coups d’pompes dans l’bas du dos
Me décrocher la lune !
C’est encore cette garce qui m’éclairait
Quand, dans une mare de sang
J’ai accouché sur un vieux banc
Ça m’a décidé, y fallait que j’tire un trait
Au Raymond j’y ai fait un beau sourire engageant
D’une oreille à l’autre avec mon couteau Japonais
Me décrocher la lune !
Maintenant j’travaille à mon compte et j’suis peinarde avec ma p’tite
Les poètes du type Raymond, j’peux vous dire que j’les capte de suite
L’autre jour y’a un Pierrot qu’a cru m’la faire inédite
Il a goûté de mon genou dans ses deux satellites
C’est sur, ça vous tue une Colombine dix ans de tapin
Non moi j’ai choisi l’soleil, la lune, j’la laisse aux Américains…
Publié pour Les Impromptus Littéraires