Deux regards
Deux regards, deux sourires
Deux mains qui se frôlent
Une foule, un brouhaha lancinant
Verres avalés, fureur et verres cassés
Agitation, bruit et moiteur
Et au milieu de cette déferlante
Deux regards, deux sourires
Deux mains qui se frôlent
Elle ne peut détacher les yeux de sa bouche
Qu’importe ce qu’il lui dit ou lui tait
Elle veut cette bouche, l’avoir sur la sienne
Il fixe cette mèche bouclée sur sa nuque humide
Ce soir, il est vampire et veut sentir
Bouillonner son sang dans cette veine
Deux regards, deux sourires
Deux mains qui se frôlent
Il l’attrape par la main et l’entraîne simplement
Elle ne pense ni au mal ni au bien
Deux animaux assoiffés ? Non deux anges, deux enfants
Elle pense au fruit qu’elle va goûter
Il pense aux soupirs qu’elle va lui donner
Deux regards, deux souffles
Qui bientôt n’en font qu’un
A l’abri du monde dans la ruelle
Instant de beauté volé au milieu des poubelles
Deux regards, deux sourires
Quatre mains enfiévrées qui se déchirent
Ceinture arrachée, bas filé sur chair blanche
Dos projeté contre un mur tagué
Main saisissant, main empoignant
Une charnue chair laiteuse
Jambe diaphane s’enroulant, escarpin acéré
Autour d’un dos ambré
Baisers douloureux affamés comme enflammés
Ils expirent et soupirent soulagés
Leurs deux corps enfin mélangés
Ils entament une danse cadencée
Le rythme inné depuis la nuit des temps
Symphonie parfaitement orchestrée
Pourtant parfaitement étrangers
Pourtant tout de suite apprivoisés.
Deux regards, deux sourires
Deux mains qui s’éloignent
Deux amants d’un instant
Se saluent bêtement
Ils ne se reverront pas
A quoi bon ?
Ils ne se reverront pas
Mais ils n’oublieront pas
Deux regards, deux sourires
Deux mains qui se frôlent
Un instant volé au néant.
Image Mika